‘Sak fwa mo pase to koz kontrer, to pe rod sem la terer’, ‘larg mwa les mo ale…kifer zot ziz mwa par laparans’, ‘dibwa krwase, tir ou lamin matant…zafer ki pas dan menaz, res dan menaz, pa konsern fami’…. Si ces extraits des ségas de Katty Martin, Blakayyo et Babale nous font souvent rire, ils relèvent avec humour un trait distinctif de la société mauricienne : la médisance. Un passe-temps national où critiquer autrui devient un art. En effet, on dit souvent si la médisance était un sport olympique, on pourrait aisément imaginer Maurice remporter non seulement la médaille d'or, mais aussi le titre de champion du monde.
Mais sérieusement, quelle est cette obsession à toujours dénigrer les autres ? Pourquoi certains semblent allergiques à l'idée de simplement vivre et laisser vivre ? La réponse à cette énigme, je l'ai découverte en parcourant les écrits de Friedrich Wilhelm Nietzsche. Ce monsieur, philosophe, critique culturel, compositeur, poète, écrivain et philologue allemand, dont les idées ont eu un impact majeur sur l'intellectuel contemporain.
Des commérages, des ragots, des potins, des gossips… Peu importe comment vous les appelez, ils sont inévitables. Avant de chercher à les atténuer, explorons d'abord leurs origines pour mieux les comprendre. Transportons-nous au 19e siècle, plongeons dans l'univers intellectuel de Friedrich Nietzsche, ce philosophe allemand dont les idées continuent d'influencer notre compréhension du monde et de nous-mêmes. Né en 1844 et décédé en 1900, Nietzsche a mené une vie extraordinaire, mêlant génie de la pensée, douleur et solitude. Ce cocktail explosif a engendré des réflexions profondément originales qui ont exploré la complexité de la condition humaine à travers une myriade de concepts uniques.
Pour Nietzsche, la "volonté de puissance" n'est pas seulement une excuse pour faire des selfies narcissiques. C'est une affirmation que la vie doit être vécue pleinement, sans se soucier des vieux principes moraux poussiéreux qui ne servent qu'à retenir ceux qui aspirent à plus. Selon lui, ces valeurs traditionnelles ne sont que des inventions des faibles pour museler les forts. Il renversait la moralité qu’il décrivait comme ennuyeuse, un stratagème des faibles pour limiter les plus forts.
Nietzsche perce à jour le vrai motif derrière cette morale : c'est du ressentiment pur. Il soutenait que les créateurs de la morale ne sont pas des saints, mais plutôt des rancuniers cachés sous des couches de "bienveillance". Leur véritable but serait de rendre les forts impuissants en les enrobant dans un papier cadeau moraliste. C'est du ressentiment déguisé en "amour du prochain". Si on pense très bas que cette vieille tante qui nous parle gentiment pourrait secrètement envier notre succès ? Nietzsche le dénonçait haut et fort.
Pour Nietzsche, la médisance est la quintessence du ressentiment. Comprendre la médisance, c'est comprendre la psychologie de ceux qui la pratiquent. Ce n'est pas juste un trait de caractère, c'est une manière pernicieuse d'exprimer ce ressentiment. C'est comme si parler dans le dos des autres était une thérapie gratuite pour soulager son propre mal-être existentiel.
Ah, la médisance ! Ce besoin pathologique de cracher son venin sur les autres et de les critiquer avec délectation. Selon Nietzsche, il s'agit est un instrument vicieux par lequel les faibles tentent de s'approprier la position des forts. C'est comme si en dénigrant les autres, ils pouvaient se sentir momentanément puissants. C'est l'inversion des rôles où le médisant se donne l'illusion de se moquer de celui qui détient le pouvoir, alors qu'en réalité, il ne fait que révéler sa propre faiblesse et son insécurité.
Et parlons de la morale, cette inversion des rôles entre le faible et le fort. C'est le besoin de trouver des justifications "naturelles" pour dire du mal, comme si critiquer quelqu'un était un instinct de survie ancestral. Comme si expulser sa propre frustration et sa vengeance conservatrice sur les autres pouvait éviter un dommage futur. "Eh bien, si je les critique maintenant, peut-être qu'ils ne me critiqueront pas à l'avenir !"
Quand le mal est fait, c'est comme si le médisant cherchait désespérément des moyens de se soulager, comme si cracher son venin pouvait soulager son propre mal-être. Mais en réalité, tout ce qu'ils réussissent à faire, c'est reporter leur malaise existentiel sur des cibles innocentes. Ils pensent peut-être qu'en dénigrant les autres, ils prennent la place des forts, mais tout ce qu'ils font, c'est confirmer leur propre jalousie, leur aigreur et leur amertume. Nietzsche explique que dénigrer, c'est comme rendre noir, noircir l'image de quelqu'un pour se persuader qu'on est meilleur. Mais au fond, le philosophe soutient que le médisant ne fait que se convaincre lui-même qu'il est au-dessus de tout ça, tout en révélant au monde entier ses propres insécurités. C'est un peu comme si, au lieu de se concentrer sur ses propres lacunes, il préférait peindre les autres en noir pour cacher ses propres zones d'ombre.
Avez-vous déjà ressenti cette pointe sourde de jalousie lorsque vous voyez quelqu'un réussir là où vous avez échoué ? Vous êtes-vous déjà laissé emporter par les vagues de critiques et de jugements, comme si cela vous apportait un soulagement momentané ? Les œuvres de Nietzsche nous aident à explorer les abysses de notre être, pour démystifier les forces qui façonnent nos pensées et nos actions.
Nous avons découvert la volonté de puissance, cette énergie créatrice qui anime l'humain et le pousse à se surpasser. Et puis la médisance, cette manifestation insidieuse du ressentiment, une réaction toxique à la frustration et à l'impuissance.
Que vous soyez un féru de Nietzsche ou simplement en quête d'un développement personnel profond, notre vieil ami philosophe vous offre une perspective unique et stimulante. Alors, prêt à plonger dans les profondeurs de votre âme ?
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